Phnom Penh, entre tradition et modernité

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Vila Hiek, Renaissance, 2015.

En janvier dernier prenait fin l'exposition Phnom Penh à l'Hospice Comtesse à Lille dans le cadre de Lille3000 Renaissance. Ce fut l'occasion pour moi de découvrir des artistes contemporains originaires de cette ville du Cambodge.
Je dois dire que comme lors de ma précédente visite dans le cadre de Lille3000 j'ai eu l'impression d'explorer un territoire inconnu. Je ne connais pas du tout ce pays d'Asie, et aurais presque du mal à le localiser précisément sur une carte, c'est pour dire ! (Marion, l'as de la géographie... hashtag la honte).

Mais ça c'était avant. Je peux même, aujourd'hui, vous raconter une bride de son histoire...
C'est en avril 1975 que les soldats kmers rouges entrent dans la ville de Phnom Penh . Sous un climat de terreur ceux ci videront la ville de tous ses habitants et commettront un génocide atroce. La ville sera laissée quatre ans à l'abandon, complétement désertée. Par la suite les habitants reprennent difficilement leurs droits.
Quinze ans plus tard, en 1990, la vie continue de se réinstaller. Elle inspire des artistes témoins de cette renaissance. 
Aujourd'hui, la transformation est profonde, quasi anarchique. La spéculation et la corruption vont bon train. Le patrimoine architectural est détruit pour une urbanisation toujours grandissante et le tourisme ne cesse d'augmenter.


Au sein de l'exposition, on retrouve les trois générations qui ont subi cette histoire. Les survivants qui n'ont pas quitté le pays. Ceux qui sont revenus après un exil forcé et ceux qui sont nés après.
Les artistes présentés ici sont peu connus et ont rarement exposé en dehors de leurs frontières.

Ce mélange des vécus amène à un questionnement identitaire.
Comment peut-on être cambodgien dans un pays qui a été entièrement détruit il y a 20 ans ?
Quel est le lien entre la tradition culturelle et la réalité contemporaine ? 
Comment se projeter dans le futur alors que le pays semble consommer cette nouvelle liberté, à contrario, sous un régime autoritaire ?


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Sophal Neak, Hangon, 2013.
Au travers de cet ensemble de portraits, la jeune photographe nous montre l'importance que l'on apporte à l'activité professionnelle. Il devient notre statue social à lui seul, il nous définit et se substitue à notre visage.

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Em Riem, assises.
Cet artiste s'approprie les techniques traditionnelles du tissage du rotin pour créer de nombreux mobiliers que l'on peut retrouver au fil de l'exposition. Pour se faire, il travaille avec un artisan utilisant des méthodes ancestrales.
Il est le premier artiste cambodgien à ouvrir sa galerie à Phnom Penh en 2008 : La X-EM Design Galerie. Il est régulièrement appelé à participer à aménagement de grands hôtels.

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Lina Pha, Ratanakiri, 2013-2014.
Photojournaliste pour un journal du pays, il sera bouleversé par la rencontre du peuple Ratanakiri. Il décidera alors de produire une série photos symboliques mettant en scène ces habitants. Ceux si sont enroulées de rubans jaunes servant à mesurer leurs terres d'où on les expulse.

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Sopheap Pich, Buddha 3, 2013.
Artiste cambodgien le plus reconnu au niveau international travaille le rotin et fil de fer à l'aide de techniques de tissage traditionnel. La présence de Buddha dans la chapelle de l'Hospice Comtesse prend ici une dimension très forte. Il s'impose à nous avec force et légèreté.


Hospice Comtesse
32, rue de la Monnaie
59800 Lille



2 petits mots :

  1. J'aime beaucoup cet article. J'ai toujours été selnsible à la politique extérieure, et le message envoyé par ces artistes est particulièrement fort en sens. Presque bouleversant. On a une image lissée voir stérile de l'Asie, certainement liée à une vision occidentale. Et c'est ce genre d'exposition qui nous sensibilise sur ce qui est vrai et nous pousse à nous poser de vrais questions comme tu as pu le faire toi-même. C'est un véritable coup de coeur! Merci! PS: je sais maintenant où se situe le Cambodge!

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  2. J'ai raté ça aussi...
    C'est bien que Lille ait cet intérêt à ramener l'histoire d'autres cultures chez nous. J'étais tombée sur un film historique qui racontait l'histoire de la Birmanie et ses voisins, à travers la vie de Aung San Suu Kyi. C'est comme ça que j'ai découvert ce qu'il s'était passé dans ces pays, dont on n'apprend rien en cours d'histoire. Je trouve ça dommage, c'est pour ca que j'avais choisi les guerre et conflit armé comme theme pour mon expo l'année dernière. J'aurai adoré voir celle-ci... Merci de nous la faire partagé !
    En plus, tes photos sont très belles, à chaque fois. C'est très plaisant ! ;-)

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